Celui
qui aime le Ramadan se dit: oh que c’est rapide! Déjà deux
décades passées ou perdues! Qu’est-ce que j’ai fait de bon dans ces deux décades
passées et comment agir pour mieux faire dans le reste du mois? Ou comment
faire pour conserver mon élan de départ jusqu’à la fin du mois? Ou Comment me
rattraper avant qu’il ne soit trop tard?
Celui
qui n’aime pas le Ramadan se dit: oh que c’est lent! On
n’a eu que deux décades! Il reste encore toute une décade! Est-ce que je peux
tenir jusqu’au bout, c’est dur! Mon corps s’affaiblit, mon poids a diminué…
Comment faire pour supporter ce calvaire jusqu’à la fin?
Voilà
les monologues de celui qui aime le Ramadan et de celui qui n’aime pas le Ramadan.
C’est totalement opposé et cela est dû à la compréhension que chacun a du mois
de Ramadan. Le premier considère le Ramadan comme une occasion d’or pour se
reformer sur tous les plans, pour augmenter ses bonnes œuvres, pour diminuer
ses fautes et péchés et pour se rapprocher de son Seigneur et renforcer le contact
avec Lui…
Au
contraire, le second considère le Ramadan comme une prison qui l’empêche tous
ses plaisirs, qui affaiblit son corps, diminue son poids et le contraint à faire
certaines adorations malgré lui…
Oui,
voilà deux décades déjà écoulées, nous serons bientôt dans la dernière décade
parmi les trois décades principales qui composent le mois béni de Ramadan. Ce dernier est comme un régime médical
spirituel auquel le Seigneur Très Haut soumet Ses serviteurs durant un mois.
Je reprends ici un article que j’avais publié le lundi 22 septembre 2008 en le modifiant un peu car
il a été écrit dans la dernière semaine du Ramadan de cette année-là:
Nous sommes aujourd’hui à la porte de la dernière décade de l’observation
de ce régime.
- Avons-nous alors constaté un changement ou des changements positifs dans
notre état spirituel?
- Est-ce que les deux premières décades nous ont aidés à augmenter notre
piété dont l’obtention constitue l’objectif principal du jeûne?
- Est-ce que les deux premières décades nous ont aidés à augmenter nos
bonnes œuvres?
- Est-ce que les deux premières décades nous ont aidés à abandonner même
temporairement certains péchés et mauvaises habitudes?
- Est-ce que les deux premières décades nous ont aidés à entreprendre
certaines activités ou adorations qui ont rendu notre Ramadan positivement
différent des Ramadans précédents? Ou bien c’est la routine annuelle qui
continue?
- Est-ce que les deux premières décades nous ont aidés à purifier nos cœurs
et nos œuvres de toute ostentation et hypocrisie?
- Est-ce que les deux premières décades nous ont aidés à décanter nos cœurs
de toute haine à l’égard des musulmans?
- Est-ce que les deux premières décades nous ont aidés à penser à nos
frères qui sont dans le besoin de notre aide morale, physique et financière?
- Est-ce que les deux premières décades nous ont aidés à nous familiariser
avec le Saint Coran et les adorations?
- Est-ce que les deux premières décades nous ont aidés à renforcer notre
contact avec Allah soubhanahou wa taala?
- Est-ce que les deux premières décades nous ont aidés à aimer davantage
Allah soubhanahou wa taala, Son Saint Livre, Son Messager Mouhammad çallallahou
alaihi wa sallam et Ses serviteurs soumis?...
Autant des questions auxquelles
nous devons répondre correctement et sincèrement pour savoir si le Ramadan
exerce ou non un impact sur nous.
Ce
qui est dramatique c’est que même pendant ce mois de retour à Dieu et de
réconciliation avec Dieu et avec Ses serviteurs, nous trouvons encore des
musulmans qui haïssent d’autres musulmans, d’autres frères et sœurs, d’autres
compatriotes, pour des considérations toutes bidonnes les unes que les autres
telles les considérations politiques, tribales, raciales, associatives, voire
des considérations de goût et de forme…
- Si pendant le mois de Ramadan, nous ne pouvons pas aimer nos frères et sœurs en Islam et nos compatriotes, quand
est-ce que nous pourrons alors les aimer?
- Si pendant le mois de Ramadan, nous ne pouvons pas pardonner à nos
frères et sœurs en Islam et à nos
compatriotes, quand est-ce que nous pourrons alors leur pardonner?
- Si pendant le mois de Ramadan, nous ne pouvons pas faire l’unité avec nos
frères et sœurs en Islam et nos
compatriotes, quand est-ce que nous pourrons alors le faire?
- Si pendant le mois de Ramadan, nous ne pouvons pas cesser de calomnier et
de critiquer nos frères et sœurs en Islam et nos compatriotes, quand
est-ce que nous cesserons de le faire?
- Si pendant le mois de Ramadan, nous ne pouvons pas maîtriser nos passions
et nos désirs interdits, quand est-ce que nous pourrons le faire?
- Si pendant le mois de Ramadan, nous ne pouvons pas avoir la victoire sur
notre âme et sur Satan, quand est-ce que nous pourrons l’avoir?
- Si pendant le mois de Ramadan, nous ne pouvons pas penser à nos frères
les besogneux, quand est-ce que nous pourrons le faire?
- Si pendant le mois de Ramadan, nous ne pouvons pas faire preuve de
générosité, de miséricorde et de compassion à l’égard de l’Humanité, quand
est-ce que nous pourrons le faire?
Si rien de tout cela n’a pas été fait encore, eh bien ne désespérez pas car
vous avez encore la plus belle et la plus importante occasion de vous rattraper
pendant le reste du mois surtout dans la dernière décade de Ramadan.
Chers frères et sœurs en Islam, faites votre propre bilan et votre
autocritique!
- Faites votre compte vous-mêmes avant qu’on ne le fasse pour vous!
- Pesez vous-mêmes vos actions avant qu’on ne le fasse pour vous!
- Jugez-vous, vous-mêmes avant qu’on ne vous juge!
- Considérez de près votre
responsabilité dans la division des musulmans et des compatriotes par le biais
de vos agissements, de vos considérations et de vos instructions que vous
donnez aux autres! Chaque musulman ou groupe de musulmans s’est transformé
aujourd’hui en une instance islamique qui émet des fatwas décrétant
l’appartenance ou l’exclusion des individus du cercle de l’Islam et ce, pour
avoir lu quelques livres sur l’Islam. Ils disent ainsi -par leurs
comportements- à la société et à l’Etat qu’ils sont en train de perdre leur
temps et leur argent en créant des écoles et en engageant des enseignants
puisqu’il suffit de lire un livre sur l’Islam pour devenir savant voire Imâm
comme il suffit de lire un livre sur la médecine pour devenir médecin qui érige
là où il veut sa clinique médicale pour achever les malades.
Chers frères et sœurs en Islam, rappelez-vous ce que votre Seigneur a dit:
وَاعْتَصِمُوا
بِحَبْلِ اللَّهِ جَمِيعًا وَلَا تَفَرَّقُوا
«Et
cramponnez-vous tous ensemble au câble (Qour’ân) d'Allah et ne soyez pas divisés». Sourate 3, verset 103.
Et rappelez-vous aussi ce que le Prophète çallallahou alaihi wa sallam a
dit et qui est valable en tout temps et en tout lieu:
المسلم من سلِم المسلمون من لسانه و يده
«Le musulman est celui dont les autres musulmans sont à l’abri du mal de sa
langue et de sa main».
والذي نفسي بيده ،لا تدخلوا الجنة حتى تؤمنوا و
لا تؤمنوا حتى تحابوا
أولا أدلكم على شيء إذا فعلتموه تحاببتم؟ أفشوا السلام بينكم
«Je jure par Celui dans la Main de qui se trouve mon âme, vous n'entrerez
pas au Paradis jusqu'à ce que vous ayez la foi et vous n'aurez la foi jusqu'à
ce que vous vous aimiez! Voulez-vous que je vous indique quelque chose qui vous
permet de vous aimer mutuellement: "Répandez la paix entre vous"». Rapporté par Mouslim.
Beaucoup de musulmans me diront qu’ils connaissent bien ce verset et ces
Hadîs mais qu’ils se rappellent qu’en Islam, la connaissance théorique ne sert
à rien, au contraire c’est un argument contre son détenteur jusqu’à ce qu’il la
mette en application.
Je regrette profondément de vous dire la triste réalité suivante:
«Le
malheur de la Oummah Islamique ne réside pas dans son manque des intelligences
ou des richesses et des potentialités mais dans ses leaders politiques et
religieux qui ne s’aiment pas localement et internationalement (pour ne pas
dire qu’ils se haïssent) et qui incitent leurs partisans et leurs disciples à
la haine, à la division, au rejet et à la négation des efforts des autres et à
l’exclusion de leurs personnes. Et tant
que ces têtes politiques et religieuses ne feront pas l’unité au plus haut
sommet, il n’y a aucun espoir pour les musulmans d’être unis et soudés un jour
pour pouvoir travailler ensemble et faire développer et progresser la Oummah
localement et dans son ensemble!».
Et je termine en disant comme le croyant de la famille de Pharaon:
فَسَتَذْكُرُونَ
مَا أَقُولُ لَكُمْ وَأُفَوِّضُ أَمْرِي إِلَى اللَّهِ إِنَّ اللَّهَ بَصِيرٌ بِالْعِبَادِ
«Bientôt
vous vous rappellerez ce que vous je dis; et je confie mon sort à Allah. Allah
est certes, Clairvoyant sur les serviteurs». Sourate 40, verset 44.
Cheikh Boureima Abdou Daouda
Revu, Niamey, le 6 juillet 2015
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